Depuis plus de quatre décennies, les rues de nos villes sont devenues des scènes artistiques très prisées. Accueillant régulièrement des prestations et interventions, elles ont donné naissance au concept de l’art de rue. Loin de se limiter à une seule discipline, ce genre artistique ne cesse de se diversifier. Aujourd’hui, il fait partie intégrante de sociétés toujours en quête de sensations et d’émotions nouvelles.
Les arts de rue : définition et réalités
De manière générale, les arts de rue regroupent tous les évènements artistiques organisés en dehors des lieux usuellement dédiés aux arts (salle de concert, galerie, théâtre…). Contrairement aux spectacles conventionnels, ils se tiennent souvent au dehors et dans les lieux publics : rues, gares, places publiques, espaces portuaires… Ils peuvent aussi sortir des sentiers battus pour prendre vie dans des lieux atypiques comme les bâtiments en construction ou les friches industrielles.
En principe, les arts de rue se définissent par leur environnement. Tout terrain, ils ont généralement la capacité de s’insérer dans plusieurs types de décors. Cette facilité d’insertion impacte nécessairement les différentes propositions artistiques qu’ils englobent. C’est pour cela qu’ils sont caractérisés par une certaine pluridisciplinarité. Ainsi, une prestation de rue peut combiner plusieurs talents artistiques : danse, théâtre, cirque, art plastique, musique, casino…
Dans leur jeu, les arts de rue misent sur la proximité qu’ils entretiennent avec le public. À l’opposé des prestations conventionnelles, ils vont à la rencontre des spectateurs pour combler leurs attentes. Ils optimisent notamment leur expérience en établissant une relation profonde avec leur audience. C’est l’une des caractéristiques qui font tout leur charme et qui les fait rapprocher quelquefois du café théâtre sur ces aspects.
Histoire du théâtre de rue
Le théâtre de rue est, sans doute, l’un des arts urbains les plus en vogue dans notre société. Il aurait vu le jour au cœur de la Grèce antique pour célébrer les prouesses du dieu Dionysos. À cette époque, il se traduisait surtout par des déambulations festives. Ce n’est que par la suite qu’il intégra des propositions telles que les comédies, les musiques à sujet mythiques et les tragédies. Loin de se résumer au divertissement, il est très vite devenu un moyen de critique et de contestations sociopolitiques.
Vers le Xe siècle, l’avènement de la religion chrétienne en Europe lui permet d’enregistrer une certaine renaissance. Le théâtre de rue devient alors l’un des fers de lance de l’Église. À travers les drames liturgiques, on proposait des représentations afin de toucher un plus grand nombre de croyants. Poursuivant son évolution, le théâtre de rue connaîtra son âge d’or entre 1450 et 1550. Au cours de cette période, il était présent au cœur de toutes les sphères sociales du continent européen. Dès le XVIe siècle, il a connu toutefois un déclin momentané en investissant les salles de théâtre.
Ce n’est qu’à compter des années 70 qu’il fait un retour fracassant dans les rues. Revêtant des caractéristiques peu conventionnelles, le spectacle de rue est revenu pour briser toutes les frontières qui s’immisçaient entre le public et l’art théâtral. Il se distinguait alors par son militantisme, son travail collectif et ses contestations. Dans les années 80, il fait l’objet d’une grande professionnalisation. C’est ainsi que de nombreux festivals et compagnie de rue ont émergé un peu partout. Aujourd’hui, il regroupe des centaines d’artistes en France.